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L’innovation pédagogique sera libérée et encouragée

Un article de Jean Vanderspelden, expert thématique EPALE et adhérent au FFFOD. Il a été publié en novembre 2018 initialement sur la plate-forme européenne.

Rappel des mesures annoncées par la ministre Murielle Pénicaud
L’innovation pédagogique : la définition de l’action de formation a été revue (formation innovante, MOOC, digital learning…) et de l’action de formation en situation de travail (AFEST) ; les lois de 2014 et de 2016 avaient déjà assoupli la définition de l’action de formation (suppression de la notion d’imputabilité, reconnaissance de la FOAD dans le Code du Travail, séquencement de l’action de formation…)

L’innovation pédagogique hautement portée par le nouveau cadre légal !
Le dernier ANI signé le 22 févier 2018 propose, une nouvelle fois, dans son article 33, une définition revue de l’acte de formation : « L’acte de formation est un processus pédagogique d’apprentissage par lequel tous les moyens sous quelque forme que ce soit sont déployés au regard de la situation de la personne pour lui permettre d’adapter, d’acquérir ou de développer des compétences professionnelles ou d’obtenir une qualification, sur la base d’objectifs préalablement déterminés »*(1). Depuis l’ANI de 11 Janvier 2013, tous les textes législatifs que ce soient des lois ou des décrets, cherchent à assouplir la formation via la mise en oeuvre de ses modalités. Aujourd’hui, la modalité dominante est "Le stage". Nous serions, bel et bien dans la réforme continue de la formation, à défaut d’être dans la réforme de la formation continue ! Nous progressons à petits pas, comme s’il était difficile de quitter une organisation, encore aujourd’hui fortement marquée par le « modèle scolaire » avec les unités de temps, de lieu et d’action. Dans cette modalité, chaque stagiaire se forme en même temps et au même rythme ; avec un programme et un emploi du temps commun. Le stage se passe sous l’autorité d’une formatrice ou d’un formateur qui, en fin de journée, apporte la preuve "ultime" de la réalité des apprentissages sous la forme d’une feuille d’émargement ! Le degré de liberté d’action du stagiaire est cadré.
Déjà, la loi de mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale avait ouvert une brèche importante en stipulant, entre-autre*(2), que "La formation peut être séquentielle. Elle peut s’effectuer en tout ou partie à distance, le cas échéant en dehors de la présence des personnes chargées de l’encadrement". Cette ouverture est renforcée avec la publication d’une série de décrets. Le premier décret date d’août 2014. Il porte sur les formations ouvertes ou à distance (FOAD) et instaure la notion révolutionnaire « d’Assiduité » dans les activités des différentes séquences d’un parcours FOAD. L’assiduité remplace la notion de "présence". On ne trace plus les temps formatifs de l’apprenant mais ses activités d’apprentissages ! En juin 2015, le décret "Qualité et évaluation de la formation" introduisait l’expérimentation de la dernière modalité retenue dans le cadre légal : la FEST*(3). En mars 2017, un autre décret relatif aux parcours de formation, instaure le principe du "forfait-temps" pour la prise en charge des actions de formation. Par ailleurs, il fixe trois repères précis (production, évaluation & interaction) pour établir les justificatifs attendus dans l’objectif opérationnel de marquer l’assiduité, partielle ou totale, d’un apprenant dans son parcours de formation. Enfin, pour parfaire ce paysage réglementaire, hautement favorable à l’innovation pédagogique, on peut souligner la parution de deux autres décrets visant à étendre la logique FOAD respectivement au champ de l’enseignement supérieur (décret 2017-619) et au champ de l’alternance (décret 2017-1548).
Avec ce cadre légal novateur résultant d’un long travail de lobbying en général des acteurs de la formation, et en particulier des acteurs des formations digitales*(4), on est passé d’un "Modèle unimodal de la formation" lié au groupe de stagiaires à des "Organisations multimodales des apprentissages" pour chaque apprenant que l’on retrouve avec la définition proposée par l’ANI 2018. La multimodalité en formation ne s’arrête pas à la complémentarité entre présence et distance. Il y a plein d’autres possibilités pour co-construire des parcours adaptés avec des activités ou des situations individuelles-collectives, asynchrones-synchrones, formatives-autoformatives-collaboratives, en ligne-dans un centre de ressources, formelles-informelles, en centre de formation-en situation de travail-dans un tiers-lieux, contraintes-souples, voire libres etc.
La dernière loi « Choisir son avenir professionnel » confirme ces orientations en reprenant la définition de l’ANI légèrement ajustée "L’action de formation se définit comme un processus pédagogique permettant l’atteinte d’un objectif professionnel. Elle fait l’objet de modalités d’apprentissage identifiées pouvant comprendre des séquences de positionnement pédagogique, de formation et d’accompagnement de la personne qui suit l’action, dont les acquis sont évalués. Elle peut être réalisée en tout ou partie à distance. Elle peut être réalisée en situation de travail" (art. L6313-1). Il s’agit de mettre en place et de réguler de nouveaux écosystèmes souples d’apprentissage plus individualisés et plus collaboratifs portés, en partie, par les outils numériques et plus centrés sur la notion de compétences que sur la notion de savoir. Au final pour soutenir l’innovation, le terme retenu dans le code du travail est donc "FOAD" que l’on pourrait traduire par "Formation Multimodale", par "Formation Digitale" ou par... "Digital Learning (ou Blended Learning)", comme l’a prononcé Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, au cours de la conférence de presse du 5 mars 2018.
La dernière étape de ce cadre réglementaire en mouvement est la parution attendue (fin 2018) du décret sur AFEST ; Action de Formation en Situation de Travail. Une série d’expérimentations, pilotée par la DGEFP avec des OPCA et des opérateurs de formation, a permis de confirmer l’intérêt de cette toute dernière modalité. Cette modalité AFEST qui vient enrichir le spectre des parcours FOAD, a été conçue d’abord pour les adultes peu qualifiés. Comme toute action de formation, l’apprenant bénéficie d’un accompagnement personnalisé. Cela lui permet d’alterner, essentiellement au sein de l’entreprise, des mises en situation professionnelle et des mises en situation réflexive. Il s’agit de tirer profit des échecs, des essais, des erreurs et des réussites dans la progression de son parcours des activités. Il réalise ces activités pour se former en produisant, et non produire en se formant. On ne parle plus de « programme » qui serait préétabli, mais de « parcours ». On vise à s’ajuster, en continu dans une dynamique, aux besoins de chaque apprenant. Pour assurer ce suivi pédagogique et cette assistance sur le lieu de travail (ou de production), la personne ressource est bien formatrice, et pas uniquement tutrice. Un parcours AFEST intègre des séquences de mise à distance de l’apprenant avec son formateur-trice, régulées en partie par l’apport de l’usage des outils digitaux. L’ensemble de cette ingénierie est regroupé dans un cahier des charges AFEST dont la mise en place est portée par un organisme de formation en lien avec des entreprises apprenantes et partenaires, apportant le plateau technique ou l’environnement d’un geste professionnel lié à un métier rare.
Toutes ces innovations cherchent à créer des situations pour que les apprenants puissent mieux s’impliquer dans cette dynamique formative, autoformative et collaborative, toujours accompagnée. Pour cela, plus de liberté, et donc, de responsabilité leur sont données dans le renforcement et l’acquisition de nouvelles compétences. En somme, on équilibre les parcours en privilégiant la mise en activité de l’apprenant (pédagogie active) sur la transmission de contenus (pédagogie passive). L’encouragement à l’innovation pédagogique est un marqueur fort des dernières réformes de la formation professionnelle en France.
Avec la participation de Frank Savann et Thierry Ardouin, experts thématiques EPALE

Jean Vanderspelden – Expert thématique Epale https://ec.europa.eu/epale/fr & www.iapprendre.fr
membre du FFFOD – www.fffod.fr
et de Learning Sphere – www.learning-sphere.com

* (1) https://theconversation.com/une-reforme-de-la-formation-ancree-dans-les-pratiques-de-travail-contemporaines-92945?utm_source=twitter&utm_medium=twitterbutton
* (2) Suppression de la notion d’imputabilité, par exemple
* (3) Formation en Situation de Travail http://www.actualite-de-la-formation.fr/rubriques/syntheses/l-experimentation-formation-en-situation-de-travail-fest-se-deploie-dans-cinq.html ?
* (4) voir www.fffod.fr le site du Forum des acteurs de la formation digitale

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